Le rapport de l'enquête du gendarme des marchés, transmis mardi 28 juillet aux personnes concernées, suggère que des amendes lourdes frappent l'ancien co-PDG du groupe, noël Forgeard, et six autres dirigeants d'Airbus de l'époque. mais peut être serait-il temps que le groupe renonce à cette défense un peu aveugle de ses anciens dirigeants.
EADS est une entreprise, pas un club de juristes chargé de veiller au respect des principes généraux de droit.
le PDG actuel du groupe, Louis Gallois, a pris des mesures vigoureuses pour qu'on ne puisse plus reprocher de leurs informations privilégiées à des fins personnelles : il a notamment supprimé les stock-options. Mais il a l'air aussi de penser qu'il serait mauvais pour le moral des troupes de se désolidariser de cadres soupçonnés par l'AMF.
C'est le contraire qui pourrait être vrai : soutenir coûte que coûte ceux qui ont fauté pourrait décourager ceux qui n'ont jamais rien eu à se reprocher.
L'AMF avait ratissé large en lançant son enquête sur dix sept dirigeants du groupe qui auraient été au courant des problèmes industriels rencontrés par Airbus au moment où il vendirent leurs action EADS, en mars 2006. Faut-il rappeler que d'autres actionnaires eurent moins de chance : trois mois plus tard, EADS perdait le quart de sa valeur boursière en une séance, le jour où les problèmes en question furent enfin rendus publics.
L'enquête de l'AMF visait également les deux groupes actionnaires d'EADS, le français Lagardère et l'allemand Daimler, curieusement blanchis par le rapport de l'AMF, ainsi que d'autres dirigeants, comme l'Allemand Tom Enders, qui préside aujourd'hui aux destinées d'Airbus.
C'est la commission des sanctions de l'AMF qui décidera des peines à imposer à Noël Forgeard et à ses anciens collaborateurs. Cette décision fera ensuite l'objet des procédures habituelles d'appel, que repousseront de plusieurs années la conclusion de cet affligeant feuilleton.
Mais EADS devrait sans attendre envoyer à ses salariés et à ses actionnaires un message clair sur la sollicitude qu'il propose à ceux-ci, et le comportement qu'il exige de ceux-là. En attendant, se refugier dans les arguties juridiques risque de paraître un peu court aux uns comme aux autres.